Collection permanente : Les Sculptures Avignonnaises

AVIGNON, XIIe - XIVe siècle

Architecture et agencement de la salle :
L’escalier d’accès actuel à l’aile sud-est a été aménagé entre l'ancienne façade du palais épiscopal (premier quart du XIVème siècle) et celle édifiée dans cette zone entre 1764 et 1767, à l’identique de la façade principale du palais rebâtie par Julien de la Rovère à la fin du XVe siècle.

La salle I, qui appartient au corps de bâtiment le plus ancien du musée, constitue le rez-de-chaussée de la "livrée" que s'était fait construire le cardinal Bérenger Frédol l'Ancien vers 1320 et que le cardinal Arnaud de Via avait acquise de son neveu et héritier en 1323.

Cette vaste pièce, que certaines de ses caractéristiques architecturales rapprochent du réfectoire de l'abbaye cistercienne de Silvacane, se distingue par sa vaste cheminée flanquée de fours, construite postérieurement, peut-être à la fin du XVème  siècle.

La pièce a été utilisée comme chapelle, au XIXème siècle, alors que le Petit Palais était occupé par le Petit Séminaire.

Deux ensembles d’œuvres, appartenant tous deux au dépôt Calvet, sont présentés dans la salle I. Le premier est consacré à la sculpture romane provenant de divers édifices avignonnais et le second aux sculptures et peintures avignonnaises du XIVe siècle.

Les sculptures romanes
Trois chapiteaux de pilastre de l'abbaye de Saint-Ruf, dont il ne reste plus aujourd’hui que quelques vestiges au sud des remparts de la ville, témoignent des débuts de la sculpture romane à Avignon vers 1140.

Une remarquable série de chapiteaux provenant du cloître de la cathédrale Notre-Dame des Doms, datant de la seconde moitié du XIIème siècle, est présentée sous forme d’une évocation de la disposition des chapiteaux dans l’édifice.

Les œuvres du XIVème siècle
Elles proviennent de divers édifices avignonnais et des environs élevés ou reconstruits à l'époque pontificale. Cet ensemble témoigne ainsi du dynamisme insufflé à l’architecture, la sculpture, l’art funéraire ainsi que la peinture murale, par les commandes pontificales et cardinalices à cette époque.

La plupart des fragments exposés proviennent de tombeaux de papes et de cardinaux avignonnais, détruits ou démembrés à la Révolution et au XIXe siècle:

• Les statuettes provenant des tombeaux de Jean XXII (à la cathédrale Notre-Dame des Doms) et d’Innocent VI (à la Chartreuse de Villeneuve-les-Avignon) ornaient la cuve du tombeau, représentant le cortège funéraire tel qu’il était organisé lors des cérémonies funèbres.

• Le gisant du Pape Urbain V (†1370) provient du choeur de l’église Saint-Martial.

• Le gisant du cardinal Elie de Nabinals (†1348) témoigne de la qualité des sculpteurs travaillant à Avignon à cette époque.

• Les éléments du tombeau du pape Clément VII (1402) proviennent de l'église du couvent des Célestins d'Avignon, commandé par ce pontife à Pierre Morel, architecte et sculpteur avignonnais. Le tombeau peut vraisemblablement lui être attribué.

• La série des apôtres, initialement surmontés du Couronnement de la Vierge (présenté à côté), qui ornait le tombeau du cardinal Philippe de Cabassole ( †1372) à la Chartreuse de Bonpas, est un remarquable exemple de l’iconographie originale qui se développe sur les tombeaux avignonnais de cette époque. Le Christ entouré des apôtres évoque le pape entouré du collège cardinalice.

Un très rare ensemble de fresques du dernier quart du XIVe siècle évoque le contexte intellectuel et artistique dans la région avignonnaise au cours de la dernière partie de l’époque pontificale. Elles ornaient une maison de Pont-de-Sorgues, petite ville située à dix kilomètres d'Avignon, où le pape Jean XXII avait fait construire un palais. Elles comportent trois scènes de chasse, cinq scènes courtoises et deux fragments décoratifs. Ces fresques profanes témoignent d'un type de décor pictural qui se diffuse à Avignon et dans sa région au XIVème siècle, en particulier dans les livrées cardinalices. Composées sur le modèle des scènes de chasse de la chambre du Cerf du Palais des Papes (vers 1343),  elles présentent un autre aspect de l’art de cette époque.